Les gros titres sensationnels prédisent souvent que les nouveaux robots de construction remplaceront bientôt des classes entières de travailleurs de métiers qualifiés. Des articles parus récemment parlent notamment d’un robot-maçon et du lancement d’un nouveau robot-soudeur payé à l’heure. Ces robots ne se fatiguent pas et ne se plaignent jamais de travailler 24 heures par jour. Sommes-nous à l’aube d’une révolution robotique qui aura d’importantes répercussions sur la demande de travailleurs de métier qualifiés? Pas vraiment.
Les histoires qui alimentent ces manchettes sensationnelles sont habituellement beaucoup plus nuancées.
Oui, certains robots de construction sont assez sophistiqués pour accomplir des tâches simples que les humains accomplissent actuellement. Toutefois, ces robots ne sont pas autonomes et ils ne peuvent accomplir que les tâches qui leur sont confiées dans un cadre strict.
Quelles seront les répercussions des robots de construction sur la demande de travailleurs de métier qualifiés?
Selon les inventeurs et les fournisseurs de ces dispositifs, ils permettront aux entreprises de construction de réaffecter leurs travailleurs les plus qualifiés des tâches plus simples à des tâches qui nécessitent de meilleures compétences. Il ne s’agit pas tant de remplacer les travailleurs qualifiés, mais plutôt de réorienter leurs compétences là où elles sont le plus nécessaires. Des briqueteurs-maçons hautement qualifiés se consacreront à des tâches plus difficiles, et certains soudeurs qualifiés travaillant dans des ateliers de métallurgie pourraient devenir disponibles pour travailler pour des entrepreneurs en construction.
Il faut tout d’abord programmer les robots de construction pour accomplir les tâches (même si les ingénieurs qui les conçoivent simplifient de plus en plus la création de ces routines). Les entreprises qui utilisent des robots de construction peuvent avoir besoin d’embaucher une personne pour concevoir les routines de plusieurs types de robots et veiller à leur maintenance.
Les robots de construction doivent également être supervisés et encadrés, comme les robots collaboratifs (parfois nommés « cobots ») qui travaillent avec les humains pour les aider à accomplir leurs tâches. Un robot-maçon a besoin d’un humain pour l’approvisionner en briques et en mortier. Les humains devront également superviser et inspecter le travail, pour s’assurer qu’un robot-maçon bien intentionné n’est pas en train de faire des travaux qui ne sont pas toujours conformes aux normes. De même, un robot-soudeur a besoin d’assistants humains pour lui fournir les matériaux métalliques et pour inspecter la qualité constante des soudures. Les travailleurs qui répondront à ces descriptions de poste devront posséder certaines compétences, qui ne seront pas du même niveau que celles des travailleurs de métier les plus expérimentés de l’entreprise.
Les nouvelles technologies permettront également d’accroître les compétences des travailleurs de la construction afin de les rendre plus productifs et de leur donner de meilleures capacités. Les exosquelettes légers et autoalimentés offriront une force robotique aux travailleurs, ce qui rendra le levage des charges lourdes plus facile et plus sûr. Ces systèmes ont le potentiel d’accroître les capacités de tous les travailleurs, y compris les travailleurs âgés qui pourraient autrement envisager de prendre leur retraite en raison de limitations physiques. La réalité augmentée (RA) permet déjà aux travailleurs d’utiliser des téléphones intelligents, des tablettes et des visières dotées d’un dispositif spécial pour visualiser des projets de construction à divers stades de leur réalisation. En interprétant l’information de modélisation des données d’un bâtiment, les coordonnées GPS et d’autres logiciels d’architecture, et en superposant ces images au monde réel, la RA rend les travailleurs de la construction plus efficaces et fournit une plus grande certitude quant aux tâches à accomplir. Cette technologie ne peut que devenir plus sophistiquée.
Les entreprises de construction devraient accueillir favorablement la révolution robotique, non pas parce qu’elle remplacera les travailleurs qualifiés, mais parce qu’elle améliorera les efforts des travailleurs qualifiés et leur permettra de travailler là où leurs compétences sont les plus nécessaires.