Partie 4 de 5 – Aperçu du secteur de la construction 2024 de ConstruForce Canada
Dans cette série en cinq parties, ConstruForce Canada présente et examine quelques-uns des principaux points de données émergents du secteur de la construction pour les 12 derniers mois. Dans cet article, le quatrième de la série, nous explorons les dynamiques du marché du travail qui ont façonné l’activité dans le secteur de la construction dans l’ensemble du Canada en 2024.
Le marché du travail dans le secteur de la construction au Canada a connu une transition subtile mais importante en 2024. Après plusieurs années de tension extraordinaire alimentée par une reprise économique rapide et une forte demande de projets, les conditions de travail ont légèrement commencé à se normaliser dans le secteur. Le nombre d’emplois a légèrement augmenté, la population active a progressé et, bien que le taux de chômage ait connu une légère hausse, il est resté inférieur aux moyennes historiques.
Pour les employeurs du secteur de la construction, les gestionnaires de projet et les organismes de formation, ces changements pourraient constituer un signe encourageant. Ils soulignent la stabilisation d’un secteur qui, après une période de tensions intenses, commence à voir les fruits de ses efforts en matière de recrutement et où l’offre de main-d’œuvre augmente progressivement pour répondre à une demande toujours forte, en particulier dans le secteur non résidentiel.
Une croissance régulière de l’emploi, malgré des tendances divergentes
L’emploi dans le secteur de la construction au Canada a atteint 1,607 million de travailleurs en 2024, soit une légère augmentation de 0,4 % par rapport à 2023. Cette légère croissance reflète les influences contradictoires d’un secteur non résidentiel toujours en plein essor et d’un marché résidentiel en ralentissement dans certaines provinces, notamment en Ontario.
La main-d’œuvre du secteur de la construction (c’est-à-dire le nombre total de personnes qui travaillent ou qui recherchent activement un emploi) a également augmenté, passant de 1,69 million à 1,702 million. Cette augmentation de 0,7 % suggère que les efforts de recrutement parviennent à attirer de nouveaux talents, une évolution cruciale pour un secteur confronté à des pressions démographiques à long terme liées au vieillissement de la main-d’œuvre.

En raison de la croissance de la main-d’œuvre, le taux de chômage dans la construction a légèrement augmenté, passant de 5,3 % en 2023 à 5,6 % en 2024. Toutefois, cette légère augmentation ne doit pas être interprétée comme un signe d’affaiblissement de la demande. En fait, ce phénomène reflète un équilibre plus sain et plus durable entre l’offre et la demande de main-d’œuvre. De plus, le taux de chômage dans la construction reste bien inférieur à la moyenne de 8,1 % enregistrée au cours des cinq années précédant la pandémie de COVID-19.
En résumé, les marchés du travail actuels, relativement plus souples, restent tendus par rapport aux normes historiques, ce qui constitue un contexte difficile pour les responsables de la planification de la main-d’œuvre et les employeurs qui cherchent à répondre à des besoins croissants en main-d’œuvre.
Des réalités provinciales divergentes
Alors que la situation globale de l’emploi dans le secteur de la construction au Canada était stable, les réalités provinciales divergeaient considérablement. Le ralentissement de la construction résidentielle en Ontario a eu une incidence importante sur les tendances nationales, mais de nombreuses autres provinces ont enregistré une forte hausse de l’emploi.
- En Ontario, l’emploi dans le secteur de la construction a reculé de 4,4 %, principalement en raison du ralentissement continu des activités de construction de nouvelles habitations et de rénovation.
- L’emploi dans le secteur de la construction a augmenté de 15,6 % à l’Île-du-Prince-Édouard.
- Au Nouveau-Brunswick, l’emploi dans le secteur de la construction a augmenté de 10,1 %.
- La Nouvelle-Écosse a connu une hausse de 9,3 % de l’emploi dans le secteur de la construction.
- La Colombie-Britannique, le Québec, l’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador ont enregistré des hausses allant de 1 % à 4 %.
- En Saskatchewan, l’emploi est resté stable.
- Le Manitoba est la seule autre province à avoir enregistré une baisse (-1,7 %).
Évolution de l’emploi dans le secteur de la construction par province, 2024

Source : Statistique Canada. Tableau 14-10-0023-01 Caractéristiques de la population active selon l’industrie, données annuelles (x 1 000)
Ces différences régionales soulignent le besoin de stratégies locales en matière de main-d’œuvre, d’autant plus qu’une grande partie de l’activité a été stimulée par la construction d’établissements institutionnels, gouvernementaux et commerciaux, ainsi que d’autres infrastructures publiques. Alors que les grands travaux de génie industriel ont toujours attiré des travailleurs de l’ensemble du pays, la réalisation de ce type de projets dépend de la main-d’œuvre disponible au niveau provincial et, de plus en plus, au niveau local.
Pleins feux sur les régions : emplacements où les marchés du travail ont évolué en 2024
Si les moyennes nationales et provinciales offrent une vue d’ensemble, une grande partie de la dynamique du marché du travail s’est déroulée au niveau régional en 2024. Les contrastes étaient saisissants.
La compréhension de ces différences régionales est devenue de plus en plus importante en raison de l’évolution des types de travaux de construction entrepris récemment, avec un nombre beaucoup plus important de grands projets liés aux infrastructures publiques et aux bâtiments locaux.
La section suivante présente les différences régionales entre les provinces canadiennes. Bien que nous nous efforcions de fournir le plus d’informations possible, cette analyse est limitée par la disponibilité des données détaillées fournies par l’Enquête sur la population active de Statistique Canada.
- En Colombie-Britannique, l’emploi dans le secteur de la construction a augmenté rapidement dans de nombreuses régions grâce à d’importants projets d’infrastructure et projets institutionnels. La région économique de Kamloops a connu la plus forte croissance du pays, avec 27,5 %, grâce aux travaux réalisés dans d’importants établissements de santé. Abbotsford-Mission a également enregistré des gains de plus de 20 %, tandis que Chilliwack (+14,5 %) et Vancouver (+6,3 %) ont également connu des augmentations. Cependant, toutes les régions n’ont pas connu le même essor : Nanaimo a connu une baisse de 16,7 % des contrats de travail, tandis que Kelowna a enregistré une baisse de 39,6 %, ce qui témoigne de la disparité des activités de projet dans la province.
- En Alberta, l’emploi dans le secteur de la construction a augmenté dans toutes les grandes régions économiques. Lethbridge a connu une hausse de 12,3 % de l’emploi, soutenue par la croissance du secteur résidentiel et les projets d’infrastructure. Red Deer suit le pas avec 8,2 %. Calgary a enregistré la plus forte hausse de l’emploi réel dans la province, avec 5 700 travailleurs supplémentaires (+6,9 %), tandis qu’Edmonton a gagné 2 900 travailleurs grâce aux activités non résidentielles et à la reprise du secteur de la construction d’habitations neuves.
- La Saskatchewan a obtenu des résultats mitigés. Les gains enregistrés dans la région de Saskatoon ont été contrebalancés par des diminutions à Regina, ce qui a laissé l’emploi global dans la province pratiquement inchangé.
- Au Manitoba, la région de Winnipeg, qui domine le marché de la construction de la province, a connu une légère baisse de l’emploi de 0,9 %. Cela représentait environ 30 % de la perte totale d’emplois dans le secteur de la construction au Manitoba en 2024.
Évolution de l’emploi dans le secteur de la construction, certaines régions, 2024

Source : Statistique Canada. Demande de données personnalisées de l’Enquête sur la population active.
- L’Ontario a présenté la situation régionale la plus complexe. Certaines régions ont affiché une croissance de l’emploi exceptionnelle : Kitchener-Cambridge-Waterloo (+19,0 %), Windsor (+18,3 %) et Brantford (+16,4 %) ont pris les devants, soutenues par des investissements dans les infrastructures publiques et le secteur manufacturier. Cependant, ces gains ont été éclipsés par des baisses généralisées dans d’autres régions. Toronto a perdu à elle seule 18 300 emplois dans le secteur de la construction en 2024, soit une chute de 8,1 %, largement due à la baisse de la construction d’habitations neuves. Barrie (-29,3 %), Peterborough (-21,5 %) et Hamilton (-16,5 %) ont également connu un ralentissement marqué de l’emploi.
- Au Québec, les baisses enregistrées dans les grands centres comme Drummondville (-17,0 %), Québec (-6,2 %) et Montréal (-2,5 %) ont été partiellement compensées par les gains importants réalisés à Trois-Rivières (+19,6 %), à Saguenay (+8,5 %) et à Sherbrooke (+4,7 %). Toutefois, en chiffres réels, les baisses enregistrées dans les régions urbaines ont compensé les gains réalisés dans les autres régions économiques recensées par Statistique Canada. Néanmoins, l’augmentation de l’emploi à l’échelle de la province suggère que la croissance a été forte à l’extérieur des régions économiques recensées par Statistique Canada.
- Les provinces de l’Atlantique ont obtenu de bons résultats en 2024.
- Le Nouveau-Brunswick a connu une croissance forte et généralisée, avec des augmentations de plus de 15 % de l’emploi à Saint John et à Moncton.
- La région d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, a connu une croissance de 10,5 %, ce qui représente près des deux tiers de la hausse totale de l’emploi dans le secteur de la construction dans la province.
- À Terre-Neuve-et-Labrador, la croissance s’est concentrée à St. John’s (+13,7 %), tandis que l’emploi est resté plus stable dans les autres régions.
- Les données pour l’Île-du-Prince-Édouard ne sont toujours pas disponibles en raison de la taille de la population.
Un rétablissement équilibré des taux de chômage
Dans l’ensemble du Canada, le taux moyen de chômage dans la construction, qui s’établit à 5,6 % en 2024, demeure remarquablement bas par rapport aux normes historiques.
La légère augmentation du taux de chômage dans la construction au Canada, qui est passé de 5,3 % à 5,6 %, a été observée dans plusieurs provinces clés, notamment l’Ontario, le Manitoba, l’Alberta, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.
Taux de chômage dans le secteur de la construction, par province
Comparaison des taux de chômage dans la construction par province entre 2024, 2023 et la période prépandémique

* La période prépandémique (moyenne de 5 ans) correspond aux 5 années précédant la pandémie de COVID-19 (c’est-à-dire de 2015 à 2019)
Source : Statistique Canada. Tableau 14-10-0022-01 Caractéristiques de la population active selon l’industrie, données mensuelles non désaisonnalisées (x 1 000)
Parallèlement, les provinces de l’Atlantique ont connu des conditions encore plus difficiles sur le marché du travail avec des taux de chômage stables ou en baisse.
Il est important de noter que toutes les provinces ont enregistré des taux de chômage bien inférieurs à leurs moyennes des cinq années précédant la pandémie, ce qui souligne que les marchés du travail dans le secteur de la construction restent exceptionnellement vigoureux même s’ils connaissent un léger ralentissement.
La légère hausse des taux de chômage dans la construction, dans un contexte où ils ont récemment atteint des niveaux très bas, offre un répit bienvenu pour la réalisation de projets et le perfectionnement de la main-d’œuvre. Les calendriers des projets, qui ont été mis à rude épreuve ces dernières années, pourraient connaître de légères améliorations.
Toutefois, ne vous méprenez pas : grâce à la vigueur du secteur non résidentiel, le marché du travail dans le secteur de la construction reste tendu, quel que soit le point de référence historique.
Signification pour les parties prenantes du secteur de la construction
En 2024, le marché du travail dans le secteur de la construction ne ralentissait pas, il se normalisait. Grâce à une main-d’œuvre légèrement plus nombreuse et à des investissements soutenus dans les infrastructures et les projets non résidentiels, l’industrie a eu l’occasion de se rétablir.
Pour les employeurs, cela signifie un meilleur potentiel de recrutement, mais la concurrence pour les travailleurs qualifiés reste intense. Cela signifie également que les programmes de formation et de perfectionnement restent essentiels pour satisfaire les demandes en constante évolution des projets, et que la planification régionale de la main-d’œuvre est tout aussi importante, car la croissance et le ralentissement sont très localisés.
Quant aux décideurs politiques et aux organisations sectorielles, l’année 2024 a confirmé la nécessité de poursuivre les investissements dans le perfectionnement de la main-d’œuvre, malgré l’évolution des tendances migratoires et l’accélération des efforts de formation au niveau national.
Dans le dernier volet de cette série, dont la publication est prévue en septembre, nous nous pencherons sur un autre aspect tout aussi crucial de l’avenir du secteur de la construction au Canada : le perfectionnement de la main-d’œuvre. Comment la représentation des femmes, des peuples autochtones, des immigrants et des jeunes travailleurs a-t-elle évolué en 2024? Et que révèlent les tendances en matière d’apprentissage sur la génération future de professionnels qualifiés?
Pour en savoir davantage sur les tendances, cliquez sur les rapports Points saillants rattachés à Regard prospectif – Construction et maintenance 2025-2034.

Indicateurs clés du secteur de la construction
