Revue du secteur de la construction au Canada en 2024 – Partie 5 : développer une main-d’œuvre robuste

4 septembre 2025 Blogues

Dans cette série en cinq parties, ConstruForce Canada présente et examine quelques-uns des principaux points de données émergents du secteur de la construction pour les 12 derniers mois. Ce dernier billet de la série traite des tendances émergentes en matière de développement de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction.

Alors que nous clôturons notre analyse du marché du travail pour cette année, prenons le temps de reconnaître que derrière les données, les grues et le béton du secteur de la construction au Canada se cache quelque chose de bien plus fondamental : les gens.

En 2024, la main-d’œuvre du secteur de la construction au Canada n’est pas seulement restée stable, elle a évolué. Dans un secteur longtemps considéré comme peu accessible pour de nombreux groupes, une nouvelle dynamique a vu le jour, favorisant une plus grande inclusion, l’arrivée de jeunes talents et le renforcement des systèmes de recrutement. Les femmes, les immigrants et les peuples autochtones ont continué de progresser de manière importante, et une nouvelle génération de travailleurs a commencé à envisager un avenir dans le secteur de la construction.

Même s’il reste encore du chemin à parcourir, l’année 2024 a été encourageante. Le secteur ne se contente pas de bâtir l’infrastructure du Canada, elle forme également la main-d’œuvre de demain, et ce, avec une conscience, une détermination et une portée sans précédent.

Les femmes ont poursuivi leur percée dans le secteur

Bien que les femmes restent sous-représentées dans le secteur de la construction au Canada, l’année 2024 a marqué une nouvelle année de progrès notables.

Les femmes représentaient 13,6 % des effectifs dans le secteur de la construction, ce qui reste bien inférieur à leur part de 47,2 % dans l’ensemble des secteurs, mais leur nombre évolue dans la bonne direction. Au cours d’une année où l’emploi total dans le secteur de la construction a seulement augmenté de 0,4 %, l’emploi des femmes a progressé de 3,5 %. Les données les plus encourageantes concernent les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, qui ont bénéficié d’une augmentation notable de l’emploi (10,4 %), ce qui suggère que les efforts de recrutement et de sensibilisation commencent à susciter l’intérêt de la prochaine génération.

Cette augmentation du nombre de femmes qui se joignent au secteur de la construction, en particulier au cours des deux dernières années, est encourageante et a contribué à porter la représentation féminine à des niveaux sans précédent. Les femmes représentent maintenant près de 14 % de tous les employés du secteur de la construction au Canada. Il s’agit du pourcentage le plus élevé jamais enregistré depuis la mise en place de l’Enquête sur la population active en 1976.

Cette croissance n’a toutefois pas été répartie de manière uniforme dans tout le pays :

Les femmes ont trouvé de nouvelles occasions dans les métiers spécialisés, en particulier chez les entrepreneurs en équipement de bâtiment, où l’emploi a augmenté de 16 % dans ce groupe. En fait, près de la moitié des femmes qui travaillaient dans le secteur de la construction en 2024 étaient employées par des entrepreneurs spécialisés, ce qui souligne l’importance de ces postes, qui couvrent à la fois les secteurs résidentiel et non résidentiel, en tant que points d’entrée importants.

La croissance a également été observée dans la construction résidentielle, particulièrement en Alberta, ainsi que dans les projets de génie civil et les grands projets de construction au Québec, où les travaux routiers et les travaux sur les ponts ont contribué à une augmentation de 4 % de l’emploi des femmes dans ce segment à l’échelle nationale.

Les immigrants constituent une main-d’œuvre jeune et en pleine croissance

Les immigrants ont également continué de jouer un rôle de plus en plus important dans la composition de la main-d’œuvre du secteur de la construction au Canada en 2024.

En 2024, 6,79 millions de personnes qui occupaient un emploi dans l’ensemble des secteurs au Canada étaient des immigrants (immigrants permanents et non permanents). Parmi les personnes qui travaillent dans le secteur de la construction au Canada, 369 100 sont des immigrants, ce qui représente 22,9 % de l’ensemble des personnes employées dans ce secteur à l’échelle nationale. En comparaison, les immigrants représentaient 32,7 % de l’emploi total dans l’ensemble des secteurs.

La croissance de l’emploi chez les immigrants était généralisée, seuls le Nouveau-Brunswick (-20 %) et l’Ontario (-0,2 %) ont enregistré des baisses en 2024.

D’ailleurs, les jeunes immigrants (âgés de 15 à 24 ans) ont pris les devants, avec une augmentation impressionnante de 38 % de l’emploi, ce qui suggère que la construction est de plus en plus considérée comme une possibilité de carrière viable pour les nouveaux Canadiens.

Les travailleurs immigrés se sont orientés vers le segment des entrepreneurs spécialisés, en particulier ceux spécialisés dans les équipements de construction et la finition des bâtiments. Toutefois, leur représentation reste relativement faible dans les travaux de génie civil et les grands projets de construction, où les immigrants ne représentent que 13 % de la main-d’œuvre comparativement à 23 % dans l’ensemble du secteur de la construction, un écart qui pourrait être comblé grâce à des mesures de sensibilisation et de formation ciblées.

Une année mitigée pour les peuples autochtones

Au sein de la main-d’œuvre canadienne, les Autochtones ont toujours connu une participation supérieure à la moyenne dans le secteur de la construction, avec 10 % de tous les travailleurs autochtones employés dans ce secteur en 2024. Cela représente deux points de pourcentage de plus que la part nationale de l’emploi dans le secteur de la construction.

Au total, les travailleurs autochtones représentaient 4,4 % des emplois dans le secteur de la construction en 2024, soit une proportion nettement supérieure à leur part de 3,4 % dans l’ensemble des secteurs. Cependant, cette année a également été marquée par des défis. L’emploi dans le secteur de la construction chez les Autochtones a diminué de 4,4 %, en raison de reculs importants au Québec (-15 %), en Alberta (-8 %) et en Colombie-Britannique (-7 %). Des baisses moins importantes ont également été observées en Ontario, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.

Cependant, certains éléments justifiaient l’optimisme pour ce groupe.

Si le recul global observé en 2024 suggère qu’il reste encore du chemin à parcourir, ces zones de croissance, en particulier chez les jeunes et dans des secteurs clés, constituent une base solide pour l’avenir.

Les jeunes prennent le relais

Avec une vague importante de départs à la retraite déjà en cours dans le secteur de la construction au Canada, et plus largement dans l’ensemble des secteurs, les jeunes sont nombreux à pourvoir les postes vacants.

Au-delà de l’identité et du contexte, l’une des histoires les plus encourageantes de 2024 a été la participation croissante des jeunes dans le secteur de la construction. Les travailleurs âgés de 15 à 24 ans ont vu leur emploi augmenter de 13 %, soit 22 300 travailleurs supplémentaires, ce qui compense largement la perte de 17 200 travailleurs dans la principale tranche d’âge de la population active (de 25 à 54 ans).

Toutes les provinces, à l’exception de l’Ontario et du Manitoba, ont enregistré des gains chez les jeunes travailleurs, avec une croissance particulièrement forte dans les provinces suivantes :

Les jeunes travailleurs ont trouvé des emplois le plus souvent dans les métiers spécialisés et la construction résidentielle, des segments qui peuvent constituer de solides points d’entrée pour une carrière à long terme dans les métiers. Leur présence, leur énergie et leur ambition constituent une ressource vitale dans un secteur confronté à des départs à la retraite de plus en plus nombreux et à un déclin démographique à long terme.

La dynamique de l’apprentissage s’est poursuivie

Même si certaines personnes qui font carrière dans le secteur de la construction au Canada choisissent de ne pas suivre un programme d’apprentissage, la participation à ces derniers est un indicateur important du développement de la main-d’œuvre, en particulier dans les métiers liés au Programme du Sceau rouge.

Les données annuelles sur les tendances en matière d’apprentissage pour 2024 ne sont pas encore disponibles, mais celles de 2023 donnent un aperçu de la dynamique positive en cours. Cette année-là, un peu plus de 71 900 personnes se sont inscrites à un programme d’apprentissage dans le secteur de la construction, soit une augmentation de 18 % par rapport à 2022 et de 33 % par rapport à 2021.

La hausse des inscriptions ne s’est pas limitée à une seule province ou à un seul secteur d’activité. Dans l’ensemble du pays, la plupart des provinces et des territoires ont contribué à cette hausse, notamment l’Alberta, où les inscriptions ont augmenté de 57 %, et la Colombie-Britannique, qui a enregistré une hausse de 36 %. La seule exception était le Québec, où les inscriptions ont diminué, principalement en raison d’une forte baisse dans les programmes de menuiserie de la province.

L’une des évolutions les plus encourageantes a été l’augmentation de la participation des femmes. Les femmes représentaient 8 % des nouvelles inscriptions en 2023, contre 6,3 % l’année précédente. En fait, les inscriptions à des programmes d’apprentissage ont augmenté de 26 % chez les femmes, surpassant la croissance de 17 % enregistrée chez les hommes. Cette augmentation, bien que modeste en termes de proportion globale, suggère que les efforts de recrutement visant les femmes dans les métiers commencent à porter ses fruits.

Certains métiers se sont distingués par leur popularité. Les plombières, les tuyauteuses et les monteuses de conduites ont mené le bal avec une augmentation de 46 % des inscriptions, suivis de près par les mécaniciennes d’équipement lourd (+40 %), les soudeuses (+33 %) et les tôlières (+32 %). Pour les femmes en particulier, les gains les plus importants ont été enregistrés dans les domaines de la tôlerie, de la réfrigération et de la climatisation, ainsi que dans la mécanique d’équipements lourds, des métiers qui connaissent une demande croissante dans le secteur et qui ouvrent la voie à une participation plus diversifiée.

Le taux d’achèvement des apprentissages a également connu une légère hausse en 2023, avec une augmentation de 2 %, ce qui porte le taux national d’achèvement sur quatre ans à 50 % par rapport à 48 % en 2022. Bien qu’elle reste inférieure aux niveaux idéaux, cette amélioration témoigne d’un renforcement progressif des systèmes de rétention et de soutien destinés aux apprentis.

Ces tendances en matière d’apprentissage sont encourageantes : davantage de Canadiens, pas seulement des jeunes hommes, mais aussi des femmes et des personnes issues d’autres groupes sous-représentés, se lancent dans l’apprentissage des métiers qui façonneront l’avenir du Canada. Alors que le secteur de la construction continue de se moderniser, de faire l’objet d’investissements et de se diversifier, ce regain d’intérêt pour la formation en apprentissage ne pouvait pas mieux tomber.

Le développement d’un avenir plus prospère

Si l’année 2024 nous a appris quelque chose, c’est que le développement du Canada va de pair avec le renforcement de sa main-d’œuvre. Les signes sont encourageants. De plus en plus de jeunes choisissent ce secteur. Les femmes sont de plus en plus présentes, en particulier dans des métiers autrefois considérés comme inaccessibles. Les immigrants commencent à considérer la construction comme une voie viable et enrichissante. Et les jeunes Autochtones se manifestent, prêts à façonner le prochain chapitre de l’environnement de la construction du Canada.

Cependant, certains défis subsistent. Les écarts de représentation persistent, et les mesures visant à favoriser le maintien en poste, la formation et la progression de carrière doivent continuer d’évoluer. Les fondations sont toutefois solides, tout comme l’engagement du secteur, du gouvernement et des organismes communautaires envers le développement d’une main-d’œuvre plus inclusive dans le secteur de la construction.

Chez ConstruForce Canada, nous continuerons d’observer ces tendances et de soutenir les parties prenantes du pays en leur fournissant les données, les renseignements et les prévisions nécessaires pour transformer la dynamique actuelle en progrès futurs.

Pour en savoir davantage sur les tendances, cliquez sur les rapports Points saillants rattachés à Regard prospectif – Construction et maintenance 2025-2034.

Indicateurs clés du secteur de la construction

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