Les dernières données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, pour avril 2025, montrent que le taux de chômage dans le secteur de la construction est l’un des plus élevés depuis la pandémie de COVID-19.
Les données de l’enquête montrent que les niveaux d’emploi dans la construction ont augmenté de 1,8 % (+28 900 travailleurs) au cours de la période de 12 mois se terminant en avril 2025. Le volume de la main-d’œuvre du secteur de la construction a augmenté de 4 %, soit 66 900 travailleurs, au cours de la même période. Ces tendances se sont combinées pour augmenter le taux de chômage dans le secteur de près de deux points de pourcentage, de 6,6 % en avril 2024 à 8,5 % en avril 2025. Ce taux est le deuxième plus élevé jamais enregistré depuis la fin de la pandémie en 2022, dépassé seulement par le taux de 9,3 % rapporté en janvier 2025.

Les conditions incertaines du marché en Ontario en avril 2025 ont fait augmenter les taux de chômage dans la construction au niveau national par rapport au même mois en 2024. Cela s’explique par une forte augmentation du nombre de demandeurs d’emploi dans le secteur de la construction de la province. La croissance de 23 100 travailleurs (+4,3 %) dans la main-d’œuvre de la construction en Ontario (employés et chômeurs) s’est produite à un moment où l’incertitude du marché a continué à faire baisser les niveaux d’emploi (-5 400 travailleurs, soit -0,9 %).
L’augmentation de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction en Ontario peut être due aux troubles politiques qui ont entraîné un recul de l’emploi dans plusieurs secteurs importants, notamment la fabrication (-4,5 %), le commerce de gros (-12 %) et le transport et l’entreposage (-8,2 %). Ce déclin – dans des secteurs où les travailleurs possèdent des compétences transférables au secteur de la construction – peut inciter ces travailleurs à chercher un emploi dans le secteur de la construction de la province.
Ce décalage spectaculaire entre les tendances de la main-d’œuvre et de l’emploi en Ontario fausse les chiffres nationaux et donne une impression erronée d’un relâchement des marchés du travail au niveau national, ce qui n’est pas le cas. En fait, sans la forte croissance du taux de la main-d’œuvre en Ontario, la main-d’œuvre du secteur de la construction au Canada aurait augmenté au même rythme que l’emploi en avril.
Cette tendance ne doit pas nous alarmer pour l’instant et peut suggérer que les niveaux d’emploi reviennent à des niveaux plus habituels pour le secteur à cette période de l’année. Pour remettre les choses en contexte, si l’on exclut les années de pandémie de 2019 à 2021, ce dernier chiffre du chômage pour le mois d’avril correspond davantage à la moyenne des taux observés pour le mois d’avril au cours de la période quinquennale de 2014 à 2018, qui était de 11,2 %.
La tendance à la hausse du chômage peut être due à une combinaison de facteurs, notamment le ralentissement continu de la croissance de la construction résidentielle neuve, elle-même alimentée par l’incertitude du marché créée par l’actuel différend relatif aux droits de douane entre les États-Unis et le Canada, et par les niveaux élevés d’invendus, en particulier parmi les unités de condominium dans plusieurs grands centres urbains, y compris la région du Grand Toronto.
L’incertitude liée aux droits de douane peut également être à l’origine d’un ralentissement de la construction non résidentielle, et en particulier des projets dans les secteurs industriel et commercial, qui sont principalement guidés par la demande des consommateurs et financés par le secteur privé. Il est peu probable que les grands projets déjà en cours dans les secteurs public et institutionnel aient été affectés par l’incertitude du marché.
Les tendances du mois d’avril du marché du travail ont effacé une partie des gains réalisés par les femmes et les jeunes travailleurs en matière d’emploi. Le taux de chômage de l’ensemble des travailleurs âgés de 15 à 24 ans est passé de 7,9 % en avril 2024 à 12 % en avril 2025, les chiffres de l’emploi et de la main-d’œuvre montrant un ralentissement marqué chez les jeunes femmes. Chez les jeunes hommes, l’augmentation significative du taux de la main-d’œuvre a dépassé la croissance de l’emploi. Les chiffres de l’emploi et de la main-d’œuvre pour l’ensemble des femmes ont également diminué au cours des 12 derniers mois, avec des baisses respectives de 4,8 % et 3,7 %.
Les hausses de l’emploi dans la construction dans les provinces ont été les plus importantes dans l’Ouest canadien, les provinces de la Colombie-Britannique (5,2 %), de l’Alberta (9,8 %), de la Saskatchewan (12,6 %) et du Manitoba (2,4 %) ayant toutes enregistré des hausses d’une année sur l’autre. Parmi les provinces du Centre et de l’Atlantique, seule l’Île-du-Prince-Édouard a enregistré une hausse de l’emploi par rapport à avril 2024, soit 13,7 %. Les ralentissements de l’emploi dans les autres provinces ont varié de -0,7 % au Québec à -15,4 % au Nouveau-Brunswick.
Quatre provinces ont déclaré des taux de chômage à deux chiffres : Terre-Neuve-et-Labrador (23,6 %), le Nouveau-Brunswick (17,4 %), la Nouvelle-Écosse (10,3 %) et l’Ontario (10,1 %). Les taux les plus bas ont été enregistrés en Colombie-Britannique (4,4 %) et à l’Île-du-Prince-Édouard (5,2 %).

Indicateurs clés du secteur de la construction
